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Plumicule
18 mars 2014

Des souris et des hommes (Of Mice and Men)

Des souris et des hommes (Of Mice and Men).

 

« The best laid schemes o’mice an’men gang aft agley ».

« Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ».

 

                « To a Mouse, on Turning Her Up in Her Nest with the Plough », Robert Burns, 1785.

 

Si rares sont ceux, issus du grand public, qui connaissent l’œuvre de Robert Burns – poète écossais du 18ème siècle souvent considéré comme un des pères du romantisme, un écrivain à la courte carrière puisqu’il meurt en 1796 à l’âge de 37 ans seulement – ils sont certainement plus nombreux à avoir entendu parler d’un certain John Steinbeck dont le titre de l’ouvrage ici commenté est directement inspiré par le vers de Burns que nous avons reproduit en épigraphe.

Des souris et des hommes est probablement l’ouvrage le plus célèbre de John Steinbeck et s’il ne l’est pas, c’est qu’il partage cet honneur avec Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, 1939), et A l’est d’Eden (East of Eden, 1952) qui comptent eux aussi parmi les grands romans américains du 20ème siècle. Quoiqu’il en soit, il contribua, en 1937 date de sa publication, à asseoir la notoriété de notre homme et lui assura une reconnaissance littéraire au-delà de sa Californie natale.

Mais avant d’aller plus loin dans l’évocation de ce chef d’œuvre, tâchons de présenter plus en détails son auteur.

 

John Steinbeck

Il est né en 1902 à Salinas, en Californie, une terre à laquelle il restera fidèle toute sa vie et qu’il décrit régulièrement dans ses livres. A ceux qui se disent déjà que Steinbeck ne sonne pas très américain, qu’ils sachent que son grand-père maternel était allemand, qu’il se nommait Johan Adolf Grossteinbeck et était originaire de Heiligenhaus en Westphalie (aujourd’hui Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Ce n’est qu’une fois arrivé en Amérique qu’il raccourcira son nom et deviendra Johan Adolf Steinbeck.

John Steinbeck passe ses jeunes années dans les champs où il prend peu à peu conscience de la dure réalité du travail des ouvriers agricoles dont beaucoup étaient itinérants et se faisaient souvent employer à la journée, voyageant de ranch en ranch sans autre richesse que quelques dollars qu’ils ne tardaient pas à boire et leurs deux bras pour gagner cet argent. De nombreuses images de ce monde rude, parfois cruel, s’imprimeront durablement dans sa mémoire et il les convoquera dans ses romans, notamment dans Des souris et des hommes, où les personnages de George et Lennie, leurs compagnons d’infortune et la vie que tous mènent, sont assurément décrits d’après nature.

Après avoir fréquenté la High School de Salinas, il se dirige droit vers Stanford où il restera sept ans à étudier la biologie marine jusqu’en 1925. Toutefois, il ne passera pas ses examens car il est clair désormais que l’étude de la faune et de la flore marines, si elle fait partie de ses hobbies (voir sur ce sujet son ouvrage autobiographique Dans la mer de Cortez (The Log from the Sea of Cortez, 1940)),  n’est pas chez lui une vocation, contrairement à la littérature…

Il tourne donc le dos à l’université et rejoint La Grosse Pomme. Il vit quelques temps de petits boulots, s’improvisant tour à tour apprenti peintre, maçon, guide touristique, gardien de voiture… Il finit finalement par rentrer à Salinas en 1926.

Trois ans plus tard, il publie La Coupe d’or, un roman historique d’aventure basé sur la vie du pirate et corsaire anglais Henry Morgan. Celui-ci ne rencontre malheureusement pas le succès et Steinbeck concentre alors davantage son travail littéraire sur une matière qu’il connait mieux : la vie en Californie et particulièrement dans la vallée de Monterey. De sa connaissance du pays et des hommes qui l’habitent et aidé par un sens aigu de l’observation, il tire une série de nouvelles qu’il regroupe sous le titre Les Pâturages du Ciel (Pastures of Heaven ; c’est le nom que donne un militaire espagnol à la vallée lorsqu’il la découvre : Los Pasturas del Cielo) et publie en 1932. L’année suivante voit l’édition d’un ouvrage pour la jeunesse Le Poney rouge (The Red Poney) ainsi qu’un roman qui reste encore aujourd’hui assez méconnu : Au dieu inconnu (To a God Unknown) dans lequel l’auteur se livre à un éloge de sa Californie natale (à travers une description inspirée des paysages) ainsi que, à nouveau, des gens qui la peuplent.

L’année 1935, il est enfin reconnu par ses pairs : Tortilla Flat, son quatrième roman, est distingué par le Commonwealth Club of California et Steinbeck reçoit la médaille d’or du meilleur roman écrit par un californien. L’auteur aborde à nouveau la vie prolétaire californienne et dépeint avec humour et tendresse les vicissitudes de l’existence de Danny, protagoniste central, autour duquel gravite une bande de personnages aux caractères bien différents mais qui ont pour point commun de partager cette vie faite d’attirance pour le vice et de respect pour la vertu. La fin de l’histoire adopte toutefois un ton beaucoup plus sombre et le drame qui clôt ce roman annonce en partie le roman suivant : Des souris et des hommes.

 

Le livre                   

Comme on pouvait déjà le soupçonner à la lecture du vers de Robert Burns, le livre de Steinbeck narre l’histoire, attachante autant que pathétique, d’un rêve commun ardemment poursuivi et soudainement brisé.

L’action se passe, on s’en serait douté, en Californie, dans un ranch perdu entre deux chaînons de montagnes, le Santa Lucia et le Gabilan, qui encadrent la vallée de la Salinas, du nom du fleuve qui la traverse et, paisible, va se jeter dans le Pacifique.

C’est « à quelques milles au sud de Soledad » que commence l’histoire de Lennie et George. On aurait peine à imaginer deux compagnons aussi dissemblables. D’ailleurs, Steinbeck prend bien soin de les présenter comme étant de parfaits contraires. Voici comment il les décrit :

« L’homme qui marchait en tête était petit et vif, brun de visage, avec des yeux inquiets et perçants, des traits marqués. Tout en lui était défini : des mains petites et fortes, des bras minces, un nez et osseux. Il était suivi par son contraire, un homme énorme, à visage informe, avec de grands yeux pâles et de larges épaules tombantes. Il marchait lourdement, en traînant un peu les pieds comme un ours traîne les pattes. Ses bras, sans osciller, pendaient ballants à ses côtés ».

Le premier, c’est George Milton et le second, Lennie Small. Au-delà de leurs différences physiques, les deux hommes sont animés par un même rêve : s’acheter, un jour, une maison à eux, où ils pourraient cultiver leur propre terre, élever leurs propres animaux et ne plus rien devoir à personne. Pour ce faire, ils errent de ranch en ranch, comme d’innombrables journaliers au moment de la Grande Depression, à la recherche d’un emploi agricole, ne serait-ce que pour un jour seulement. Leurs économies durement gagnées devront servir à acheter leur coin de paradis.

Steinbeck décrit admirablement la vie au ranch mais loin de ne se concentrer que sur les travaux, il observe minutieusement les relations humaines qui se nouent et se dénouent au rythme des confrontations entre ouvriers, des confrontations qui n’ont pas lieu dans les champs, où chacun est absorbé par son travail, mais dans le ranch, lieu de vie et, pour certains, de survie.

Car on trouve de tout dans les baraquements et l’auteur donne un aperçu de cette population particulière en présentant au lecteur les différents personnages qui y cohabitent. Ces portraits sont éloquents et Steinbeck sait nous rendre attachants Candy, le vieillard estropié qui ne peut plus que balayer mélancoliquement la cour et n’arrive pas à se remettre de la mort de son chien ou Crooks, le palefrenier noir, dont le dos a été tordu définitivement après un coup de sabot et qui subit sans mot dire le sort de beaucoup de Noirs à une époque où le racisme est presque omniprésent : l’exclusion totale.

Mais toute médaille ayant son revers, le ranch compte également des personnages antipathiques, à commencer par Curley : son statut de fils du propriétaire du ranch lui assure une supériorité indéniable sur le reste du groupe, supériorité dont il use et abuse bien sûr, et qui cache un profond sentiment d’infériorité. Il est de plus ancien boxeur mais n’a pas tout à fait « raccroché les gants » puisque sa soif d’en découdre, en particulier avec plus grand que lui, l’amène régulièrement à cogner sur les ouvriers. Toutefois, en s’attaquant à Lennie, il apprendra à ses dépens que l’offense parfois est punie.

Tous ces personnages, hauts en couleurs, partagent une vie misérable (exception faite de Curley évidemment) et profondément solitaire. Car c’est bien la solitude qui au cœur de ce roman et fait figure de topos principal sans pour autant complètement effacer la touchante amitié de Lennie et de George qui finit par emporter l’adhésion du lecteur.

En effet, Lennie et George, bien qu’amis, n’évoluent pas dans le même monde, loin de là : si George est un homme décidé et prudent, si son sens de la réalité lui permet de mener sa barque sans trop d’embûches à travers la vie, Lennie au contraire, ne parvient pas à s’intégrer convenablement dans la société et peine à voler de ses propres ailes. La faute à un patrimoine génétique plutôt bancal. Lennie est un simple d’esprit, obsédé par des choses auxquelles quiconque de « sensé » ne prendrait même pas la peine de s’intéresser. Ainsi fait-il une fixation sur les souris et les lapins, qu’il adore caresser mais qu’il finit irrémédiablement par tuer, ce qui le désespère, car il ne contrôle pas sa force. C’est d’ailleurs ce qui amènera le désastre final.

Les deux amis peinent donc à se retrouver sur tous les points mais leurs grands cœurs les amènent constamment à faire des efforts pour s’entendre : Lennie s’efforce d’obéir aux instructions de George, qui doit penser pour deux, et George ferme régulièrement les yeux sur le comportement de Lennie, qui en dérouterait assurément plus d’un.

Candy aussi est profondément seul : estropié à la suite d’un accident de travail, pour lequel il touche une indemnité à vie, il a été relégué à l’entretien du ranch, ce qui le laisse bien seul lorsque tout le monde part aux champs. Son ami le plus proche est un vieux chien, encore plus estropié que lui, qu’il a connu tout petit et avec qui il passe tous ses moments jusqu’à ce que Carlson, un ouvrier en vue dans le ranch, parvienne à le convaincre d’abréger ses souffrances en abrégeant ses jours. Cette solitude est admirablement rendue dans une scène du film dont nous parlerons plus loin, où l’on voit la silhouette de Candy, immobile dans la poussière du ranch et qui regarde tout à fait dans le vide, comme cherchant à retrouver quelque chose qui lui manque.   

Crooks lui aussi subit cruellement cette solitude, du simple et malheureux fait qu’il est né noir. S’il s’intègre de temps à autre au groupe, à l’occasion d’une partie de fer à cheval, jeu auquel il excelle, son quotidien n’est rythmé que par ses tâches de palefrenier. Il a fini par accepter son sort et s’accommode de la monotonie de sa vie. Il s’efforce d’ignorer les autres autant que ceux-ci l’ignorent. Seul Lennie, dans son ignorance des protocoles sociaux du ranch, vient lui rendre visite, tout ingénu qu’il est. Si Crooks s’étonne de cette familiarité et à même un instant un peu peur du colosse qui lui adresse la parole, il l’accepte néanmoins dans sa chambre. Mais il se rend compte assez vite que l’échange avec Lennie est difficile et lorsque George vient chercher son compagnon, il se retrouve de nouveau seul.

Curley est solitaire, son mépris général pour la plupart des habitants du ranch renforçant nécessairement cette solitude. Steinbeck en fait moins cas et concentre sa description du personnage sur ses aspects négatifs. La solitude de Curley est donc moins frappante pour le lecteur. Mais lui aussi doit s’accommoder de cet état de fait car s’il méprise le monde, le monde, et ce n’est qu’un juste retour des choses, le méprise également.

Enfin il est un protagoniste dont nous n’avons pas encore parlé et qui mérite qu’on le mentionne ici : il s’agit de la femme de Curley, le seul personnage féminin de tout le roman si l’on excepte Clara, la tante de Lennie, à laquelle il n’est fait que très peu allusion et qui est de toute façon d’ores et déjà morte à l’époque à laquelle se déroule l’action.

Profondément déçue par son mariage avec Curley, qu’elle a d’ailleurs épousé par dépit, elle cherche à tout prix à entrer en contact avec les hommes du ranch, pour rompre cette solitude qui lui pèse tant. Ses assiduités auprès de certains l’ont amené à être considérée comme un danger par les ouvriers qui craignent la vengeance de Curley si celui-ci les rencontre avec sa femme. Car Curley a également le défaut d’être pathologiquement jaloux. Toutes ses tentatives pour se rapprocher des hommes, y compris George le nouveau venu, échouent lamentablement et elle qui a toujours rêvé d’être actrice de cinéma, se voit dépérir jour après jour davantage dans ce ranch perdu.

La solitude est donc un thème de prédilection pour Steinbeck, thème qu’il a abordé dans d’autres romans, et notamment dans Tortilla Flat où la scène finale est sur ce point tragiquement belle. Toutefois, dans Des souris et des hommes et à l’instar d’ailleurs de Tortilla Flat, elle n’éclipse pas un thème plus grand et tout aussi universel : la quête d’un idéal de vie. Les romans de Steinbeck ne sont pas des romans pessimistes et l’affirmer serait manquer cruellement de discernement. Nombreux sont ses personnages qui portent en eux un rêve secret, parfois difficilement communicable (George enjoint bien à Lennie de ne découvrir sous aucun prétexte leur projet commun, chose que le géant ne tarde pas à faire, sans s’en rendre compte) et qui bataillent pour le réaliser.

C’est peut-être ce combat permanent pour faire de ce monde un meilleur endroit où vivre que l’on doit retenir après la lecture de ce roman. Un combat qu’on ne peut rarement que mener seul et qui implique presque nécessairement une amitié sincère, une épaule sur laquelle s’appuyer dans les moments de misère, un rire que l’on nous rend quand les beaux jours reviennent, et cela même si « les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ».

 

Gary Sinise

Le réalisateur de la dernière adaptation cinéma en date (1992) du roman de John Steinbeck est assurément plus connu pour son travail d’acteur que pour ses réalisations (il n’a en fait réalisé qu’un autre film : Rien à perdre (Miles from Home) en 1988). En effet, il incarne depuis 2004, le lieutenant Mac Taylor pour le compte de la série Les Experts : Manhattan (197 épisodes tout de même !) et bénéficie de ce fait d’une forte visibilité. Mais au-delà des séries télé et bien qu’il ne semble se consacrer depuis 2004 qu’à son rôle pour Les Experts, il a également une belle carrière d’acteur pour le cinéma. Ceux qui ont vu Forrest Gump (et ils sont nombreux j’imagine…) se souviennent certainement du lieutenant Dan Taylor, le supérieur hiérarchique de Forrest Gump/Tom Hanks au Vietnam, qui finit cul-de-jatte et part à l’aventure sur le crevettier du héros, dont il habite la vigie. Le film de Robert Zemeckis (1994) vaudra d’ailleurs à Sinise le Saturn Award du meilleur acteur dans un second rôle et contribuera à le faire connaître du grand public. On le retrouvera l’année suivante dans Apollo 13 de Ron Howard. Parmi ses autres films notables on peut aussi citer Snake Eyes de Brian De Palma (1998), La ligne verte (1999) de Frank Darabont ou encore Mission to Mars (2000) de Brian De Palma à nouveau.

A titre d’anecdote, on pourra ajouter que Gary Sinise est un des trois créateurs, en 1974, de la Steppenwolf Theatre Company, une école de théâtre qui a vu passer sur ses bancs des acteurs aussi renommés qu’Ethan Hawke ou John Malkovich, ce dernier interprétant d’ailleurs le rôle de Lennie dans l’adaptation du roman de Steinbeck par Sinise.                    

 

Le film

Gary Sinise n’est pas le premier à avoir adapté Des souris et des hommes. En effet, le roman de Steinbeck fut porté à l’écran dès 1939 (soit seulement deux ans après la parution du livre au Etats-Unis) par Lewis Milestone à qui l’on doit aussi (entre autres) A l’Ouest, rien de nouveau (All Quiet on the Western Front, 1930), L’Ange des ténèbres (Edge of Darkness, 1943) avec Errol Flynn et Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty, 1962) avec Marlon Brando. Milestone adaptera également Le Poney rouge (The Red Pony, 1949) du même Steinbeck, le romancier ayant lui-même scénarisé l’adaptation.

Toutefois, à part le film de Milestone, force est de constater que le roman de Steinbeck n’a pas été beaucoup repris au cinéma (et contrairement au théâtre) et que Gary Sinise, en matière de repères cinématographiques, n’avait que peu à se mettre sous la dent… A contrario cette « pénurie » de précédents permet au réalisateur de faire œuvre vraiment originale en faisant fi des partis-pris développés dans les adaptations anciennes. N’ayant pas de modèle sur lequel broder, il a donc les mains libres pour créer.

Mais Gary Sinise reste plutôt prudent : sa version de Des souris et des hommes est fidèle au roman pour ce qui est de la trame narrative. Les grands mouvements de l’œuvre sont fidèlement reproduits, du début jusqu’à la fin. Cependant, on pourrait lui reprocher d’avoir aplanit les rugosités de l’œuvre originale et, partant, d’avoir ôté une partie de l’émotion du roman.

Steinbeck est un portraitiste admirable et sait signifier beaucoup en quelques mots seulement. Sa manière d’aborder les personnages, qui n’est pas de la description pure mais – comme Erskine Caldwell d’une certaine manière – une description opérée par le biais du dialogue qui « dit » véritablement le personnage et le dit mieux qu’une revue circonstanciée de son apparence physique ou de ses habitudes de vie. Il semble qu’avec l’adaptation de Sinise, on ait un peu perdu ce caractère descriptif des interactions entre personnages. Ceux-ci auraient certainement gagné en profondeur si le réalisateur avait approfondi davantage son travail sur l’impossibilité de communiquer réellement, qui est bien présente chez Steinbeck.  

Il aurait également pu densifier son propos en replaçant un peu son action dans le contexte social de l’époque. Rappelons que le roman a paru en 1937, c’est-à-dire en pleine Dépression et les thèmes abordés par l’auteur étaient alors tout à fait d’actualité. Cette époque est moins familière au spectateur des années 90, et encore moins à un spectateur européen. Peut-être Sinise n’a-t-il d’ailleurs pas jugé nécessaire cette remise en contexte, partant du principe qu’il était suffisamment connu du spectateur américain. Toujours est-il que le film aurait certainement gagné à bénéficier d’un arrière-plan historique qui lui aurait permis de faire écho à une époque tout entière. Le réalisateur aurait peut-être ainsi réussi à universaliser davantage son propos car au-delà des particularités des personnages de George et Lennie, leur histoire quotidienne fut celle de nombreux américains et immigrés du début du XXème siècle.

Quoiqu’il en soit, l’adaptation de Sinise reste un film de qualité. Si l’on peut reprocher au réalisateur d’avoir quelque peu « embelli » l’histoire originale, les personnages de George et Lennie sont admirablement campés, le personnage de George étant joué par Gary Sinise lui-même. Mention spéciale pour John Malkovich qui parvient tout à fait à rendre le personnage imaginé par Steinbeck. Sa gestuelle et son phrasé sont inspirés et à travers son jeu d’acteur on distingue parfaitement la fragilité de son personnage, qui contraste fortement avec son physique, majestueux. En face de lui Gary Sinise incarne tout en retenue un George taciturne et dévoué à son compagnon, très proche de l’idée qu’un lecteur peut se faire du personnage à la lecture du roman.

 

                                                                                                                                                  Martin, de l'équipe Plumicule.

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