« Napoléon, mon cul ! »

L'espiègle Zazie est née sous la plume de Raymond Queneau en 1959.

Afin de profiter de son nouveau jules, Jeanne Lalochère confie la fillette à l'oncle Gabriel pour quelques jours.

Contrairement à ce que dit le titre, Zazie n'est pas dans le métro à son plus grand regret, dû à une grève qui la prive de visiter ce symbole parisien. A la place, son séjour chez son oncle se traduit par moult aventures et péripéties dans les rues de Paris. Un flic aux multiples avatars, une veuve en mal d'amour, Gabriel le jour-Gabriella la nuit, une Marceline énigmatique, un groupe de touristes envahissant, enfin un perroquet qui interrompt le tumulte verbal par un « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire » sont les protagonistes de ce récit à l'univers débridé.

Notre héroïne. Zazie fugue. Zazie s'en fout. Zazie jure. Zazie questionne inlassablement ces adultes qu'elle ne comprend pas. « L'hormosessualité, qu'est-ce que c'est ? » qu'elle demande. L'occasion pour Queneau de traiter de l'identité sexuelle tout au long du roman.

Zazie dans le métro est connu pour son français qui est malmené, transcription de la langue parlée, syntaxe et orthographe qui ne sont pas respectés... Langage populaire et langage enfantin s'entremêlent.

Enfin, à la lecture de la dernière déclaration de Zazie, on peut en déduire que ce récit s'inscrit dans la lignée du roman d'apprentissage.

« Je serai astronaute pour aller faire chier les martiens ! »

Louis Malle, réalisateur du très bon Ascenseur pour l'échafaud, donne vie à Zazie sur les écrans en 1960, un an après la publication du roman. Pari risqué, étant donné la complexité de l’œuvre de Queneau...

Le film reprend quasiment toutes les situations, les expressions cultes et les dialogues du livre. Malle a sans doute cherché à proposer l'équivalence cinématographique de Zazie dans le métro, dont il étoffe visuellement l'intrigue. Si Queneau s'amuse à démonter les codes de la langue française, Louis Malle le fait avec ceux du langage cinématographique. Utilisation de procédés tels que l'accéléré, le ralenti, le même arrière-plan en champ et contre-champ et qui donnent ainsi, une œuvre loufoque et burlesque. Burlesque par ces situations invraisemblables et absurdes, le comique de répétition, des scènes de bagarre démesurées ou encore une course poursuite entre Trouscaillon et Zazie digne d'un cartoon !

Pas de description physique des personnages dans le livre, libre au réalisateur de l'imaginer et c'est plutôt réussi. Par exemple, l'allure garçonne de Zazie est pertinente. Chez Queneau, elle veut des « bloudjinnzes », le pantalon étant réservé aux garçons à l'époque. Philippe Noiret campe un Gabriel dandy et raffiné, ce qui est cohérent avec le Gabriel du roman.

Une adaptation que j'ai aimé. Un film gentillet, mais qui s’essouffle vers la fin. La réalisation atypique et l'ambiance décalée correspondent bien au roman de Queneau, je trouve. Pour incarner la mythique Zazie, Catherine Demongeot interprète l'impertinence de ce sacré personnage avec justesse, les jurons fusent de sa bouche d'enfant avec beaucoup de naturel.

Zazie dans le métro (extrait)

Mélanie, de l'équipe Plumicule

Zazie dans le métro

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